C’est quoi le contraire de l’introspection ?
L’extrospection ?
Attends, je regarde.
C’est bien ça ! Woop woop, 11 ans de latin qui paient enfin ?!
Revenons à nos moutons.
J’ai dit que cette newsletter avait une ligne éditoriale en construction => une construction live sous tes yeux !
Si j’ai souvent tendance à faire de l’introspection (Le Robert : “Observation, analyse de ses sentiments, de ses motivations par le sujet lui-même”), il est important de varier les plaisirs !
Je te propose de quitter le nid douillet de l’observation de mon nombril, au demeurant très intéressant, pour nous pencher sur une extrospection!
Comme la définition du Robert n’est pas ouf (“Observation psychologique extérieure”), celle du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales non plus (“Observation psychologique d'après les manifestations extérieures objectives du comportement”), j’ai demandé à l’IA (sujet sensible, je sais).
Et c’est quand même plus clair : “L’extrospection, c’est l’acte de porter attention à ce qui se passe autour de toi pour en tirer des enseignements sur toi ou le monde.”
Vs l’introspection : “C’est le fait de tourner son regard vers son monde intérieur.”
=> Trop d’introspection sans ancrage dans le réel te déconnecte du monde. Trop d’extrospection sans connaissance de toi te fait perdre la richesse de ce que tu observes.
Tout ça pour dire qu’aujourd’hui, on va s’intéresser à autre chose que moi, mais tout aussi rayonnant et sucré (wink wink 😜😜)…
Et le pont est parfait : on va s’intéresser à un élément que j’oublie parfois d’apprécier… la nature ! Et comme j’ai dit “rayonnant et sucré”, c’est plus exactement… la vanille !
Eh oui ! Ça me permet de m’essayer à l’écriture sur autre chose + d’approfondir mes connaissances sur la Polynésie // et pour toi peut-être d’apprendre + de voyager !
Je ne suis pas connaisseuse du sujet, mais on va découvrir et s’enrichir ensemble.
Je pourrais commencer par une définition, mais ce qu’on me demande le plus souvent, c’est :
J’AI DE LA VANILLE. J’EN FAIS QUOI ?
Tu penses vanille, tu penses gâteau. Et pourtant !
Ma recette préférée pour mettre à l’honneur de la vanille, c’est une recette de poisson!
🐟 Recette du poisson à la vanille
Ingrédients :
Autant de filets de poisson que d’invités : poisson blanc à chair ferme type mahi mahi (dorade coryphène), poisson-perroquet, ou en France : loup, cabillaud, lieu jaune, colin, etc.
Échalotes : environ 2 par filet
Beurre
Rhum
Crème fraîche entière
Vanille ! (une gousse ou de l’extrait de bonne qualité)
Fais cuire du riz (et investis dans un rice cooker, parce qu’y a que ça de vrai).
Émince finement les échalotes, puis fais-les revenir dans une grande poêle avec du beurre.
➤ Quand elles sont translucides, fais-les flamber avec un peu de rhum 🔥
➤ Une fois bien revenues, réserve-les dans un bol.Dans la même poêle, fais cuire les filets de poisson jusqu’à ce qu’ils soient bien cuits, mais pas desséchés(pas miam)
Ajoute la crème fraîche, les échalotes flambées, et de la vanille grattée (ou versée).
➤ Laisse chauffer environ 5 minutes sans faire bouillir (la crème ne doit pas tourner).Sers avec le riz bien chaud : tu peux le mouler dans un petit bol et le retourner dans l’assiette pour faire une jolie colline 🌋
➤ Nappe le poisson de sauce à la vanille bien parfumée.MIAM MIAM MIAM MIAM MIAM MIAM MIAM
Si tu essayes la recette, fais le moi savoir !
Finalement, dans les recettes sucrées, elle est souvent présente mais c’est jamais la star. On a tendance à rajouter de la vanille dans une préparation, mais c’est pas LE goût du dessert.
En attendant quelques recettes sucrées (bientôt un lien vers mes recettes inchallah!)
Par Hervé cuisine : Le flan au coco
Par Hervé cuisine : Le pain perdu
J’en arrive à la (triste) conclusion qu’en sucré, j’ai vraiment pas UNE recette vanille star ! Je vais y remédier, mais en attendant, on avance !
SOUS QUEL FORME JE PEUX TROUVER DE LA VANILLE ?
Merci Michel de ta question, tu peux la trouver sous plusieurs formes. Tu vas choisir en fonction de ton utilisation et de ton … budget !
👉 La plus noble : la gousse de vanille
100% naturelle, hyper parfumée, elle donne ce goût riche et profond. Elle contient des grains noirs (les fameuses petites graines) + une chair aromatique très concentrée ! Mais elle est chère, fragile, et demande un peu de préparation (fendre, gratter, infuser). Prix : 5 à 10 € la gousse (voire plus pour la Tahitensis - on va y revenir)
👉 La plus intense : la pâte de vanille
Un bon compromis entre goût, facilité, et esthétisme (grains inclus !). Mélange concentré entre extrait de vanille + grains. Plus chère que l’extrait, mais vraiment top en pâtisserie.
👉 La plus brute : la vanille entière broyée
Gousses séchées entières et réduites en poudre : pratique, bon goût, et présence des grains. .Contrairement à la poudre (plus bas) ici on utilise toute la gousse, sans épuisement préalable. Le goût est donc plus authentique, mais moins puissant qu’un extrait liquide, car non concentré. Prix : 8 à 15 € les 10 à 20 g
👉 L’extrait de vanille liquide
C’est une infusion alcoolisée de gousses. On laisse macérer les gousses de vanille fendues dans de l’alcool (souvent éthanol), parfois avec un peu de sucre ou de glycérine. Facile à doser, dispo partout. Parfait pour les cakes ou le riz au lait du quotidien. Mais attention : selon les marques, ça peut être très dilué (et parfois un peu chimique). Prix: entre 3 et 10 € les 50 ml. Facile à faire maison : vanille + rhum !
👉 L’extrait de vanille en poudre
Obtenu à partir de gousses épuisées (déjà utilisées pour faire de l’extrait liquide), séchées puis broyées, puis mélangées à un support (sucre, amidon ou maltodextrine). Il peut être naturel ou aromatisé artificiellement selon les marques, s’incorpore bien aux préparations sèches (pâte à cookies). Le goût est donc plus discret, et il n’y a pas de grains. Prix: 5 à 15 € pour 10 à 30 g selon la qualité.
👉 La plus accessible : le sucre vanillé en sachet
Souvent du sucre + arôme vanilline (souvent synthétique). Pas mauvais, mais très loin de la vraie vanille. Idéal pour dépanner, mais ne remplacera jamais une vraie infusion de gousse.
Pour info, la vanille est la deuxième épice la plus chère au monde (après le safran).
COMMENT JE CONSERVE DE LA VANILLE ?
Ici on parle exclusivement des gousses entières de vanille. Le reste vient dans son petit contenant tout prêt à vivre dans la porte de ton frigo jusqu’à ce qu’il disparaisse derrière les sachets individuels de ketchup du McDo ou le paquet de bouillon cube.
Pour les belles gousses rondelettes de vanille, tu as deux choix, et j’ai un préf !
Soit tu mets tes gousses dans ton pot de sucre ! Ça parfume le sucre et ça conserve la vanille (au mieux au frigo, sinon à l’ombre).
Soit tu les mets dans un bocal (ou un “biberon”) avec… du rhum !! Avec le temps, tu vas te retrouver avec un extrait fait maison, le rhum va s’épaissir et tu peux l’utiliser dans tes recettes salées et sucrées (dans le poisson du dessus !). Et tu peux sortir les gousses, gratter les grains pour les utiliser et remettre la gousse dans le pot !
JAMIE, PARLE-MOI DE CETTE PLANTE !
On ne naît pas Vanille, on se marie et devient Vanille. C’est beau non ? Et c’est vrai !
J’ai toujours été fascinée par le processus de mariage de la vanille, l’idée que la vanille n’existe pas sans l’homme.
Je t’explique.
Fun fact n°1 : la vanille est… une liane ! Elle vient de la famille d’une orchidée tropicale d'Amérique du Sud. On voyage déjà dans le sympa, parce que les orchidées et les lianes, ça fait rêver !
Fun fact n°2 : En dehors de son milieu d’origine (le Mexique), elle ne peut pas se reproduire seule. Normalement, les plantes ont des organes mâles et femelles sur la même fleur/plante => la pollinisation (transfert du pollen) se fait par des insectes, oiseaux, vent ou parfois par la fleur elle-même.
Pour la vanille, elle a bien les organes mâles et femelles MAIS ces organes sont séparés par une petite membrane naturelle (rostellum) qui empêche l’autopollinisation.
Et les oiseaux et insectes Jamie, ils ne font pas la pollinisation ?
Dans son milieu naturel, certaines abeilles très spécifiques ou colibris ont développé des techniques pour plier ou percer cette barrière et faire le transfert. Mais ailleurs dans le monde, ces insectes n’existent pas, ou plutôt ils ressemblent étrangement à des bipèdes qui font du crossfit, de la voile, etc. ==> pas de pollinisation naturelle, donc pas de gousse sans intervention humaine.
Et comment on a contourné le problème ?
Depuis 1841 (merci Edmond Albius), on pollinise à la main, fleur par fleur, en soulevant délicatement la membrane et en frottant le pollen contre le pistil avec une petite tige — à Tahiti, un cure-dent ! Un geste très délicat car il ne faut pas casser la fleur (qui est une orchidée, rappelons-le).
👉 C’est ce geste précis qu’on appelle “le mariage de la vanille”. Et il faut être bon en timing, car la fleur reste ouverte… une matinée !



Ok, ça pousse, je cueille et je mets dans mon assiette ?
Toujours pas Jamie ! Une gousse met des mois à mûrir, puis elle est récoltée. La vanille de Tahiti a la particularité de ne pas se fendre => elle peut donc être récoltée lors jusqu’à un stade avancé de maturité ==> donc plus goutue !
Par opposition, la vanille bourbon doit être cueillie vers le septième moi sinon elle se fend et perd donc en saveur.
10 points pour gryffondor Tahiti !
Une fois les gousses mûres, elles sont ramassées une à une, puis lavées à l’eau claire. Ensuite un mois d’exposition quotidienne au soleil du matin, pendant 3 à 4 heures, puis dodo l’après-midi dans des sacs pour transpirer.
Elles sont lissées à la main chaque jour (massage!), jusqu’à devenir souples et ridées.
Suit un séchage à l’ombre pendant 40 jours, puis un tri par taille et qualité, et enfin… l’affinage : 60 à 90 jours en caisse pour développer les arômes.
Ca te fait apprécier le produit nan ?
ON PARLE DE VANILLE PARCEQU’IL Y A QU’UNE ESPECE ?
Il existe plus de 100 espèces du genre Vanilla mais très peu produisent des gousses.
La plus connue : Vanilla planifolia, THE star qui vient du Mexique et est cultivée partout, aussi appelée vanille “Bourbon” quand elle vient de l’océan Indien.
=> Elle représente 95 % de la production mondiale, elle a une réputation solide car sa production est très régulière.La plus près de mon cœur : Vanilla tahitensis, principalement cultivée dans mon hood, la Polynésie française. C’est un croisement entre la planifolia et une autre espèce. Les gousses sont plus courtes mais plus charnues, et le parfum plus riche.
=> Surtout cultivée à Taha’a (qui s’appelle quand même l’île Vanille), très prestigieuse de par son parfum unique et son côté dodu (comme quoi !). 1 % de la production, autant te dire que c’est un bon investissement.
ALLER PLUS LOIN
Dark side : problèmes de vol, spéculation car le kilo peut aller jusqu’à 600 €, pas forcément équitable pour les petits producteurs vs le prix de revente final, concurrence des arômes artificiels…
Bright side : on essaye de mettre en place un label pour tracer la vanille, valoriser les terroirs. Et en PF, le côté artisanal valorise mieux la vanille.
Allez, je m’arrête là pour cette première édition d’extroversion, donne moi ton avis sur ce format !
Au plaisir !
Marie
PS : pas dans le sujet, mais pub de canal pépite.
Aurais tu l’intention de te lancer dans la culture de la vanille ?
Gros bisous
Néanmoins je dois te féliciter pour ton travail et ta recherche dans ce domaine.
En Polynésie je crois savoir que la vanille n’est produite qu’à Tahaa. À moins que cette culture se développe dans d’autres îles. Gros bisous et bon courage.
Au fait je suis lés pérégrinations de ta maman en Charente. Elle a l’air de bien s’éclater.